Vous êtes professionnel.le

Dans le cadre de votre pratique professionnelle

  • Vous recevez une femme qui vous dit être victime de violences conjugales
  • Vous recevez une femme dont vous pensez qu’elle peut être ou a pu être victime de violences conjugales

Différents acteurs et actrices interviennent dans le parcours d’une femme victime de violences conjugales. Il n’y a pas de chronologie prédéfinie de leurs interventions. Le rôle de chacun et chacune est important tant dans la phase de repérage des violences que d’accompagnement de la victime et, le cas échéant, de ses enfants.

Les violences conjugales prennent des formes diverses qui peuvent co-exister : physiques, psychologiques, verbales, économiques, administratives, sexuelles, numériques (cyberviolences).

Quelle qu’en soit la forme, ces violences ont des conséquences multiples et durables pour les victimes au niveau de leur santé (physique, psychologique) mais également au niveau social (familial, relationnel, professionnel…).

Ces violences concernent tous les milieux sociaux, tous les âges, tous les niveaux d’études, toutes les cultures. Elles ne sont pas réservées à un groupe social particulier.

Il n’existe pas de portrait type de la femme victime, ni du partenaire violent.

Violences conjugales : emprise, cycle

Les violences se produisent lorsque l’un des partenaires domine l’autre de manière unilatérale, en exerçant des pressions qui conduisent à un climat de peur, de détresse et de grande confusion chez la victime.

Conflits et violences au sein du couple

Il peut exister des conflits dans le couple sans pour autant que l’on soit face à une situation de violences conjugales. Il est important de différencier conflit et violence.

Lors d’un conflit conjugal, deux points de vue s’opposent dans un rapport d’égalité. Chacun garde son autonomie.
Dans les situations de violences conjugales, il s’agit d’un rapport de domination et de prise de pouvoir de l’agresseur sur la victime. Par ses propos et comportements, l’agresseur veut contrôler et détruire sa partenaire.

Emprise

Pour assurer sa domination sur la victime, l’agresseur met en place et développe des stratégies : isolement, menaces, pressions… C’est ce que l’on nomme l’emprise : il s’agit d’un processus lent, progressif et insidieux où l’agresseur alterne des attitudes d’affection simulée et des comportements répétés de dénigrement et de reproches. Ce processus est un outil de soumission très fort.

Cycle des violences

On peut observer que la violence obéit toujours à un cycle, qui se répète au cours de la relation, et dont les phases deviennent de plus en plus rapprochées et dangereuses. Ce cycle se répète plusieurs fois et s’accélère avec le temps.

Ce cycle est mis en place et orchestré par l’agresseur. Il lui permet d’instaurer et de maintenir sa domination sur sa victime.

Schéma MIPROF

Impacts de la stratégie de l’agresseur sur la victime

Les violences exercées par l’agresseur ont des conséquences multiples sur la victime :

  • Peur de ne pas être crue
  • Perte d’estime de soi et dévalorisation, perte de confiance, honte, culpabilité
  • Minimisation des violences, peur des représailles pour elle-même et/ou ses proches et/ou ses enfants
  • Isolement, méconnaissance de ses droits, des dispositifs et des ressources d’assistance, angoisse des obstacles qu’engendrerait la séparation (logement, ressources, travail…)

Enfants co-victimes

Un homme qui bat sa femme ne peut pas être un bon père

Qu’ils assistent ou non aux actes de violences, les enfants sont toujours affectés par le climat engendré par la violence. L’enfant voit ou perçoit, que quelqu’un qu’il aime, sa mère, est agressée par quelqu’un qu’il aime, son père.

Les violences auxquelles ont assisté les enfants ont souvent des conséquences sur leur développement :

  • Repli sur soi
  • Angoisses de séparation, troubles de l’affect
  • Dépression, anxiété et troubles post-traumatiques (cauchemars, jeux violents, comportements agressifs, difficulté de concentration, irritabilité et hypervigilance)
  • Souffrance dissociative les empêchant de ressentir la peur, la colère ou la tristesse
  • Risques de reproduction des modèles de victime ou d’agresseur

Pratiques et postures professionnelles

Les pratiques professionnelles s’appuient sur un cadre légal :

  • La loi interdit et punit les violences conjugales quelles qu’en soient les explications et les circonstances
  • Rien ne justifie les violences
  • Le seul responsable des violences est l’agresseur

Lors d’un entretien avec une femme victime de violences conjugales

Il est important de

  • L’écouter avec attention et respect, la laisser s’exprimer
  • Croire ce qu’elle vous révèle et le lui dire
  • L’aider à formuler ses demandes d’aide, respecter ses choix et les accompagner
  • Lui dire qu’il est possible de sortir de la violence

Les besoins et demandes d’une femme victime de violences conjugales sont multiples : sociaux, médicaux, juridiques, psychologiques… Afin de l’aider de manière efficiente :

  • Vous lui apportez une réponse dans votre champ d’intervention et lui proposez de lui remettre une attestation ou un certificat
  • Vous la rassurez en lui indiquant qu’un réseau de professionnel.le.s et d’associations qui interviennent de façon complémentaire est là également pour l’aider
  • Vous l’aidez à identifier les soutiens et relais possibles dans son entourage amical, professionnel, familial
  • Vous l’informez sur le cadre légal et sur les mesures de protection
  • Vous lui signifiez votre disponibilité pour une nouvelle rencontre

Il est nécessaire de questionner vos propres représentations de la violence

La connaissance des conséquences sur le plan physique et/ou psychologique des violences subies par la femme va vous permettre d’adapter votre posture professionnelle.

Cependant, la violence engendre des émotions et réactions parfois contradictoires (colère, angoisse, exaspération, douleur…) lesquelles peuvent générer des attitudes négatives par rapport à la femme victime (doute, banalisation, rejet, jugement…). Il convient de les identifier et de les comprendre pour mieux accompagner la femme victime et respecter ses choix.

Vous pouvez vous appuyez sur le questionnement systématique

Pour briser la loi du silence dans laquelle la femme et les enfants se trouvent enfermés par l’agresseur, poser de façon systématique la question de l’existence des violences, quel que soit le lieu de son intervention, ouvre un espace de parole possible.

Il s’agit de poser une question simple et directe ; la meilleure des questions est celle que l’on se sent capable de poser.

Un réseau partenarial

S’inscrire dans un réseau partenarial permet de s’enrichir des compétences des un.e.s et des autres, de s’apporter un soutien mutuel et favorise une meilleure prise en charge des femmes victimes de violences conjugales.